Stendhal

Страница: 2/27

Julien Sorel ou la chronique d'un hypocrite

Le Rouge et le Noir, un roman de Stendhal (1830) En prêt au Centre culturel français.

C'est un roman écrit dans la première partie du XIXème siècle, inspiré de deux faits divers. Premièrement, l'affaire Lafargue : un ouvrier tombe amoureux d'une femme mariée. Mais celle-ci veut rompre. Lafargue se venge en la tuant. Deuxièmement, l'affaire Berthet. Ce fils de maréchal-ferrant est admis au séminaire de Grenoble (la ville natale de Stendhal). Mais, très malade, le jeune homme est obligé d'interrompre ses études et devient précepteur dans une famille riche. Il est alors accusé d'avoir une liaison avec la maîtresse de maison. Renvoyé, Berthet reprend du service dans la maison voisine où il est soupçonné de séduire la mère de ses élèves. Persécutée par son ancienne maîtresse qui ne supporte pas d'avoir été si facilement remplacée, le jeune Berthet se venge et lui tire dessus. Il est ensuite condamné à mort. Complexe d'infériorité Les traits principaux de la pauvre vie de Julien Sorel, le héros du roman, sont un mélange de ces deux histoires. Pas très imaginatif, le père Stendhal qui s'est contenté de dépouiller les chiens écrasés. Mais grâce à son style souple et prévenant -il n'hésite pas à s'inquiéter de l'ennui du lecteur-, il est vite pardonné. Julien est fils de charpentier. Mais il est chétif et adore la lecture, deux défauts impardonnables pour réussir dans le métier de son père. Que peut-il faire alors ? S'il était né plus tôt, il aurait pu servir dans l'armée de Napoléon, «l'homme providentiel» que Dieu a envoyé pour sauver le peuple, et s'habiller de rouge. Mais il est trop tard. Déterminé à faire carrière à tout prix, il choisit la religion et l'habit noir. Il apprend par cur toute la Bible en latin et devient un phénomène, un miracle. Julien Sorel gravit alors les échelons de la société et se retrouve précepteur chez M. de Rênal. Peu de temps après, il a une liaison avec la femme de son patron. Découvert, il quitte son emploi et se met ensuite au service de M. de la Mole. Sorel découvre le milieu de l'ancienne noblesse parisienne et l'amour de Mathilde, la fille de son bienfaiteur. C'est le mariage mais Mme de Rênal vient compromettre cette relation. Harcelé, Julien tente de la tuer dans une église de deux coups de pistolet, puis il est guillotiné. Fin sans gloire d'un ambitieux . Julien Sorel est le héros stendhalien par excellence, torturé par ses contradictions. Il séduit déjà deux femmes de natures tout à fait distinctes. L'une voit dans le jeune précepteur son fils aîné. L'autre est hautaine et orgueilleuse. Mathilde vit encore dans le passé et recherche en Julien son aïeul Boniface de la Mole, l'amant de la reine Marguerite de Navarre, un maître tyrannique. De son côté, Julien ne pense qu'à lui. Aimer Mme de Rênal ou Melle de la Mole n'est qu'un prétexte afin de faire ses preuves dans cette haute société et anéantir son complexe d'infériorité. Peur d'être mal traité, peur surtout de paraître ridicule. Julien scrute, examine, analyse les moindres faits et gestes de ses conquêtes : Mme de Rênal retire sa main de la sienne. Ne serait-ce pas là une marque de mépris ? Paralysé par l'obsession de son rang, Sorel ne parvient pas à éprouver de l'amour. Dans l'âme de ce jeune homme du peuple, les sentiments se brouillent. Le Rouge et le Noir est une uvre attirante. Son titre d'abord fascine par la netteté des couleurs. Le rouge, symbole d'un rêve militaire, peut-être le sang de Mme de Rênal répandu sur le sol de l'église. Le noir, choisi par le héros pour faire carrière en se servant de la religion, peut-être aussi le deuil que porte Mathilde à la mort de son mari. Par ailleurs, dans cette société machiavélique, l'hypocrisie n'est point un défaut. Au contraire, elle est justifiée, un avantage même dans un monde livré aux vices, où on ne trouve personne à admirer ou à respecter. Julien est l'un de ces hypocrites qui se sert des gens comme de ponts pour franchir les paliers de la hiérarchie sociale et réaliser ses rêves. En fait, Stendhal nous propose une chronique du XIXème siècle, d'une génération de jeunes gens dont Sorel est le représentant. Mais au-delà de l'espace du roman, il est aussi le miroir d'une jeunesse actuelle qui rêve, comme Julien sublime Napoléon, de vivre d'autres temps plus héroïques. Nissrine A. Sheikh

Реферат опубликован: 11/04/2007