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A propos de Napoléon, par exemple, dont il écrit pourtant vers la fin de sa vie, sans doute pour mieux exprimer son mépris à l'égard de la Restauration et de la monarchie de Juillet, que ce fut "le seul homme qu'il respecta". Mais son admiration ne l'aveugle pas, qu'on en juge : "Treize ans et demi de succès firent d'Alexandre le Grand une espèce de fou. Un bonheur exactement de la même durée produisit la même folie chez Napoléon."
Sur la campagne d'Italie, alors que l'armée française, qui est encore celle de la Révolution, est accueillie d'abord avec enthousiasme parce qu'elle chasse l'occupant autrichien : "On renversa leurs statues et tout à coup l'on se trouva inondé de lumière." "Plus tard, l'enthousiasme diminua . Le bon peuple milanais ne savait pas que la présence d'une armée, fût-elle libératrice est toujours une grande calamité."
Sur le pouvoir absolu qui engendre inévitableent un régime policier : "L'empereur avait cinq polices différentes qui se contrôlaient l'une l'autre. Un mot qui s'écartait de l'adoration je ne dirai pas pour le despote, mais pour le despotisme, perdait à jamais."
Et enfin, ce trait à propos de Napoléon, qu'il admire pour ses mérites mais sans illusions sur ses tares : "En 1807 j'avais désiré passionnément qu'il ne conquit pas l'Angleterre. Où se réfugier alors ?"
Etrangement, quand je relis Stendhal, je suis saisi par la modernité de son propos. On renversa leurs statues et l'on fut inondé de lumière . Treize ans et demi de succès firent d'Alexandre le Grand une espèce de fou . Une armée même libératrice est toujours une grande calamité. Où se réfugier alors ? . Chaque fois, une image m'apparaît, j'ai envie de combler les pointillés en avançant des noms de personnes ou de lieux qui ont défrayé la chronique de notre temps.
Il n'est pas d'autre moyen d'échapper à l'ennui et au dégoût de l'hypocrisie sociale que l'amour. "L'amour a fait le bonheur et le malheur de ma vie", écrit-il dans sa notice autobiographique.
Stendhal rencontre pour la première fois en mars 1818 Mathilde dont il restera amoureux toute sa vie mais qui ne répondra pas à son amour.
A-t-elle été sur le point de répondre à sa flamme, comme il s'efforce de s'en convaincre bien des années après ? A examiner d'un oeil froid le comportement de la belle, il est permis de penser que non et son refus n'est pas dû, comme il le pense, aux calomnies d'une amie indigne mais à la simple, banale et décisive raison qu'elle ne l'aimait pas.
Ah ! S'il avait eu la taille la plus fine et un visage plus séduisant ! Si Mathilde l'avait aimé ! Toute sa vie sans doute en eût été changée. Mais peut-être n'aurions-nous pas eu Le Rouge et le Noir, La Chartreuse et Lucien Leuwen.
Car Stendhal incarne dans ses romans ses rêves d'amour fou. En créant ses héros il prend sa revanche sur les échecs de sa propre vie : "Il se venge . de n'être pas ce qu'ils sont. Tout écrivain se récompense comme il peut de quelque injure du sort."
"Qu'une vie est heureuse, écrit Pascal, quand elle commence par l'amour et qu'elle finit par l'ambition." Pour Stendhal l'amour est le commencement et la fin. De son enfance à ses dernières années il n'a cessé d'être amoureux ou en quête de l'amour. Dans tous ses romans il fait revivre les femmes qu'il a aimées. Il écrit Armance pour échapper au désespoir que lui cause la rupture avec la comtesse Curial. De l'amour pour oublier Mathilde, les Promenades dans Rome dans le souvenir d'Alberte de Rubempré
Реферат опубликован: 11/04/2007